Ma démarche artistique a commencé en 1994, par le maniement de matériaux.
Aujourd’hui, je passe de l’abstrait au figuratif en peinture. La série “Chairs everywhere” retranscrit l’inquiétude de notre avenir dans un environnement appelé à de grands bouleversements dans l’indifférence quasi générale de nos politiques décideurs. Les chaises vides, retournées dans des sites naturels nous évoquent une bizarrerie, une absence. Nos habitudes vont devoir changer, de gré ou de force.
Pour les sculptures, je m’intéresse aux matériaux pour leur potentiel. Mon regard est attiré par une matière. Je la trouve attirante, belle, sa couleur, son tombé, ses caractéristiques physiques propres…
J’amorce un processus. Je prends plaisir à la manipuler, l’articuler, la transformer,l’associer, la sublimer. Elle peut être très humble et destinée à une toute autre utilisation. Je ne cherche pas absolument à détourner les objets mais l’idée de créer une œuvre à partir de « rien » me plaît énormément.
Faire du high avec du low, faire fi des conventions quant aux destinations de certains matériaux. Mon inspiration se met en marche. Je laisse surgir pêle-mêle et accueille sans censure une idée qui en appelle une autre, j’avance dans le faire à pleine main comme un artisan.
Je découvre presque surprise et avec émotion cet objet en train de naître…
Il prend forme, se complexifie, grandit… Je suis ouverte à toute piste, attentive à la résonance qui lui fait écho… Parallèlement à l’instauration de l’œuvre, je mène une réflexion sur celle-ci sans abandonner une grande part instinctive.
La matière choisie (colliers de serrage,panier osier, chambres à air, ciment), associée à d’autres éléments, est en partie transformée. ”Les Darwins” sont nés d’une irrépressible envie de tester le ciment ( ici, associé aux fibres de palmier). Ces drôles d’animaux mono cellulaires sont venus à moi et leur nom tout trouvé. Je prends mon temps afin que ce qui émerge me paraisse suffisamment satisfaisant à tout niveau ( expression de soi et aspect esthétique). Le résultat revêt très souvent une identité primitive, presque d’art tribal, quelque chose qui vient de loin… collant à l’inconscient collectif.
Evelyne Dominault