Je travaille le vivant comme le vivant me travaille, avec impulsivité, pression, arrachement de la matière, mais aussi douceur et caresse. Le modelage est une danse autour des possibles, un lien sensuel avec l’argile qui est au cœur de ma pratique. Partant d’une idée très générale voire d’un rêve, l’œuvre procède rarement d’un projet prédéfini ou d’une image. Les modèles, quand ils existent, subissent une divagation de l’esprit et des mains, dérivent dans un territoire archaïque nourri à la fois par la statuaire africaine et les azulejos portugais, comme par la blancheur porcelainique du Japon.
De cette exploration des différents territoires réels ou imaginaires, je tire des figures inattendues, saisies dans le feu du dialogue entre soi et soi, soi et les autres, soi et l’environnement. mon œuvre est une tentative d’interpellation, non par la provocation, mais par l’étrangeté, la rêverie, le poétique, l’inachevé … avec l’espoir d’une surprise en retour… Il s’agit comme en littérature de tisser un territoire imaginaire où habiter.
Anne-Sophie Migné