Née devant la Montagne Sainte-Victoire, issue d’une famille de viticulteurs, depuis l’enfance elle traverse les champs de vignes, les chemins de colline, les contreforts de la montagne.
Et elle peint.
Sous un ciel imperturbable, elle marche. Ses pas, ses coups de pinceaux sont les marques du souffle du Mistral, de l’ardeur solaire, de l’écume de la floraison sauvageonne.
Ces toiles, travaillées sur plusieurs années, donnent à voir et à sentir ce que l’artiste voit et sent sur sa joue quand elle arpente les sentiers des saisons et dans ses naseaux lorsque la pluie a laissé la terre rouge exhaler. Explosion expressionniste du pinceau sur la toile, touches rapides et puissantes, couleur irradiante, c’est une peinture de fougue et de joie, forte et fragile comme la nature.
Par essence, toute peinture de paysage est vouée à l’échec. Faire passer ces sensations «indescriptibles», quel fol espoir. Même les plus grands peintres ont vite admis que ‘Impression soleil levant’ ne pourrait jamais égaler l’impression laissée en nous par un soleil levant. Et pourtant. Pourtant, ce fol espoir peut donner une œuvre qui a sa force, sa beauté propres qui éveille en nous, ne serait-ce qu’un instant, une autre impression, un autre moment que celui qu’a vécu l’artiste, c’est un « Landscaping », issu de la démarche picturale initiée par Pollock puis autrement par Joan Mitchell ou Helen Frankenthaler, que Raphaëlle Boutié porte en bandoulière depuis près de quarante ans.